Dans cet entretien, Robert Wilson, marathonien togolais vivant en France, fort de ses six participations au marathon de Paris, partage ses expériences et les clés de sa réussite avec la jeunesse.
- Comment êtes-vous devenu marathonien ?
Je n’avais jamais envisagé de devenir marathonien. Avant, je jouais au football quand j’étais en province. Mais en arrivant à Paris, j’ai constaté que les stades se trouvaient près du périphérique, ce qui signifie une pollution maximale. C’est ainsi que j’ai commencé à m’entraîner en courant tranquillement dans la ville. Un jour, alors que je courais, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a proposé de m’entraîner avec lui. Nous avons commencé par des courses de 20 minutes. Un jour, il m’a appelé pour me dire qu’un semi-marathon aurait lieu dans un mois et m’a suggéré d’y participer.
Je lui ai répondu en riant, «Mais tu es fou ! Nous faisons des courses de 20 minutes et tu me proposes une course de 21 km !». Comme il insistait, j’ai finalement accepté, mais je lui ai dit, «Si tu t’arrêtes, je m’arrêterai aussi». J’ai alors demandé des conseils et, comme la course approchait, nous avons commencé à nous entraîner chaque soir après le travail, malgré le froid de l’hiver.
Le jour de la course, j’ai adopté un rythme tranquille. Cependant, au 17e kilomètre, la difficulté s’est faite sentir. J’ai même envisagé d’abandonner, et après avoir franchi la barre des 21 kilomètres, j’étais convaincu que je ne pourrais jamais courir un marathon complet.
- Qu’est-ce qui vous a motivé à persévérer ?
J’ai des amis qui avaient participé à de véritables marathons de 42,195 kilomètres. Un jour, je me suis dit, pourquoi ne pas, moi aussi, entrer dans la légende de ceux qui relèvent ce défi ? J’ai donc commencé à m’entraîner pour les épreuves de Paris, le semi-marathon en mars et le marathon en avril. Sans en parler à mon entraîneur, je me suis inscrit au semi-marathon. Quand il l’a appris, il m’a dit, «Bob, je ne te reconnais plus». J’ai participé à cette course, mais malheureusement, la pluie a rendu le parcours difficile et j’ai chuté. À l’arrivée, j’ai pris froid, ce qui m’a empêché de m’entraîner pendant les 15 jours précédant le marathon.
Le jour du marathon, j’ai couru les 30 premiers kilomètres sans problème, c’était parfait. Mais à partir du 30e kilomètre, des douleurs aux tendons sont apparues. Ce manque d’entraînement avait fragilisé mon corps. Comme on dit, quand on s’arrête, ça fait mal aux tendons, et quand on court, ça fait mal aussi. Il n’y avait donc pas d’autre choix que de continuer. Finalement, j’ai franchi la ligne d’arrivée après 42 kilomètres. Je me suis dit : «Alors, c’est ça, un marathon !».
Cette expérience m’a encouragé à poursuivre mon entraînement et, au final, j’ai participé à six marathons de Paris.
- Qu’avez-vous tiré de cette expérience ?
J’ai appris que tous les marathoniens, quel que soit leur niveau, ont le même objectif, terminer la course, même s’ils sont blessés. Ceux qui doivent abandonner à cause de la douleur sont souvent désemparés, car leur but est de franchir la ligne d’arrivée à tout prix.
- Quel est votre secret ?
Je dirais que le secret réside dans l’entraînement et la patience. Lorsqu’on adopte un rythme de course, il faut s’efforcer de le maintenir jusqu’à la fin. Il est également important de souligner que certains athlètes, notamment les Kenyans et les Éthiopiens, semblent avoir des capacités exceptionnelles. Parfois, on les voit à peine démarrer la course, et ils sont déjà à mi-parcours, signalés par les haut-parleurs des Champs-Élysées. Je me demande souvent comment ils réussissent à maintenir un rythme aussi soutenu du début à la fin. Pour moi, l’entraînement est la clé pour tout marathonien.
- Avez-vous cessé de participer aux marathons ?
Non, pas du tout. Il est vrai que mes nombreux voyages rendent parfois l’entraînement difficile. Comme je l’ai mentionné plus tôt, le marathon exige une préparation rigoureuse. Par exemple, lorsque je suis au Togo, il est très difficile de courir sous la chaleur pour m’entraîner. Cependant, je n’ai pas abandonné cette passion. Je prévois même de participer aux marathons de Berlin et de New York. Tout est une question de préparation.
- Un mot pour les jeunes coureurs
Je leur dirais que l’entraînement est primordial. Il faut s’entraîner sérieusement, se préparer avec assiduité et faire preuve de patience. Il est essentiel d’apprendre à gérer son rythme de course.
Richard MAGLO