Réuni mardi 26 août 2025 en conférence de presse dans la capitale togolaise, le Conseil National des Arts et de la Culture du Togo (CNAC-TOGO) a officiellement présenté sa structure au public et aux médias. À cette occasion, les responsables du conseil ont exprimé leurs vives préoccupations quant à la situation actuelle du secteur culturel togolais, appelant les autorités à des actions concrètes et urgentes.
- Une voix unie pour les artistes togolais
Créé pour représenter et défendre les intérêts des acteurs culturels togolais, le CNAC regroupe les présidents ou représentants de quatorze fédérations actives dans les domaines des arts et de la culture.
Ariel Dassanou, coordinateur général du CNAC-TOGO, a rappelé l’importance d’une organisation collective et structurée dans un secteur confronté à des défis persistants.
« Notre mission est de structurer, promouvoir et défendre le secteur culturel afin qu’il contribue pleinement au développement économique, social et identitaire du Togo », a-t-il déclaré.
Trois objectifs principaux guident les actions du CNAC à savoir, renforcer la concertation entre les structures culturelles, défendre les intérêts communs des artistes, et soutenir des initiatives collectives en faveur de la valorisation des arts et de la culture.
Au cœur de la rencontre, trois dossiers urgents ont été mis en lumière, l’inopérationnalité du Fonds National de Promotion Culturelle (FNPC) ; créé à la suite des réformes ayant remplacé le Fonds d’Aide à la Culture, le FNPC est censé soutenir les projets artistiques et le fonctionnement des structures culturelles. Pourtant, il reste inactif depuis plus de trois ans. La raison ? L’absence de nomination d’un Directeur et le blocage dans la mise en place du Conseil d’Administration, malgré les propositions faites par le CNAC aux autorités de tutelle.
« Sans ce mécanisme, nos initiatives culturelles sont privées de soutien, et les artistes, d’un outil vital », déplore Ariel Dassanou.
Le non-respect de la directive UEMOA sur la rémunération pour copie privée. Entrée en vigueur en 2023, la directive N°07/2023/CM/UEMOA prévoit un mécanisme de rémunération pour copie privée au bénéfice des auteurs, artistes et éditeurs. Le délai de deux ans accordé aux États membres pour transposer cette directive dans leurs législations nationales arrive à échéance en septembre 2025. Or, aucune mesure concrète n’a encore été prise au Togo. « C’est une ressource indispensable pour les créateurs. Nous sommes impatients de voir cette directive traduite dans notre droit national », a insisté le coordinateur du CNAC.
L’inadaptation de la loi sur les droits d’auteur à l’ère numérique. La législation actuelle, datant de 1991, ne prend pas en compte les réalités du numérique et des plateformes de diffusion internationales. Bien qu’une nouvelle loi ait été soumise au Parlement avant la mise en place de la Vᵉ République, elle demeure à ce jour sans suite. Le CNAC appelle à son adoption et à sa promulgation rapide, estimant qu’il est temps d’aligner le droit national sur les enjeux actuels.
- Appel solennel aux autorités
Le CNAC-TOGO lance donc un appel respectueux mais ferme au gouvernement togolais. Il demande, la nomination du Directeur du FNPC et la mise en place de son Conseil d’Administration ; la mise en œuvre effective de la rémunération pour copie privée, conformément à la directive UEMOA ; l’adoption et la promulgation sans délai de la nouvelle loi sur les droits d’auteur et droits voisins.
Ces mesures sont, selon le CNAC, essentielles pour restaurer la confiance des artistes, renforcer les institutions culturelles et soutenir une dynamique culturelle nationale forte.
- Une résolution en préparation
Le CNAC-TOGO a également annoncé qu’une résolution officielle sera soumise dans les prochains jours au Président du Conseil et au Parlement togolais. Par ce geste, il entend rappeler l’importance de la culture dans la construction de l’identité nationale, la cohésion sociale et le développement durable.
« La culture est le visage, la mémoire et l’avenir d’une nation », a conclu Ariel Dassanou.
Bref, pour le CNAC-TOGO alerte, les blocages actuels nuisent gravement au rayonnement culturel du pays et mettent en péril les efforts des artistes et créateurs. Il est désormais temps d’agir pour structurer, protéger et valoriser ce secteur vital.