
Les travaux de l’atelier d’adoption de la Charte de collaboration de l’Alliance des Chefs traditionnels et coutumiers de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (ACTC-AOC) ont été officiellement ouverts lundi 15 décembre 2025 à Lomé, au Togo. Organisée par la Convergence Globale des Luttes pour la Terre et l’Eau – Ouest Africaine (CGLTE-OA), la rencontre se tient du 15 au 16 décembre 2025 et réunit des rois, reines et chefs traditionnels venus de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Cette rencontre marque une étape décisive dans la structuration de l’Alliance, née en 2019, et vise à doter les chefs traditionnels d’un cadre commun d’action à travers l’adoption de leur charte, tout en préparant leur participation active au Forum Social Mondial (FSM) prévu en 2026 à Cotonou, au Bénin.

Selon Massa Koné, porte-parole de la CGLTE AO, nous sommes à Lomé pour l’adoption de la charte de l’Alliance des chefs traditionnels de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Créée en 2019, cette Alliance est soutenue par la CGLTE AO, qui souhaite avancer aux côtés des rois et chefs traditionnels dans le cadre de la gouvernance inclusive des ressources naturelles liées à la terre, à l’eau et aux semences paysannes. Il est question d’adopter la charte ainsi que les documents statutaires afin de définir leurs missions, leurs objectifs et leur vision. C’est ce travail qui sera mené au cours de cet atelier. Au-delà de cela, il y a l’organisation du Forum social mondial, dont la convergence a reçu la confiance du Conseil international pour une édition prévue en 2026 au Bénin. À ce forum, tous les mouvements sociaux d’Afrique souhaitent marquer une étape différente en mettant en commun leurs cultures et leurs valeurs ancestrales. Pour cela, les chefs et rois réunis vont discuter des stratégies à mettre en place afin de contribuer et d’être acteurs de ce Forum social mondial, auquel la diaspora africaine et les Afro-descendants d’Amérique latine et des États-Unis souhaitent également participer.
Une alliance au service de la gouvernance foncière et de la justice climatique
Depuis sa création en 2015, la CGLTE-OA œuvre pour une gouvernance responsable, inclusive et durable des ressources naturelles, autour de trois piliers indissociables, la terre, l’eau et les semences paysannes, socle de la vie, de la souveraineté alimentaire et du développement des communautés.
Dans un contexte marqué par l’accaparement des terres, les conflits fonciers, les inégalités d’accès au foncier notamment pour les femmes et les jeunes, et, les effets du changement climatique, le rôle des autorités traditionnelles apparaît plus que jamais central.
Garants des repères identitaires, détenteurs de la mémoire collective et premiers médiateurs des conflits locaux, les chefs traditionnels constituent une interface essentielle entre les communautés et l’État. C’est dans cette perspective que l’Alliance entend renforcer sa voix et son action au niveau régional et continental.
Une dynamique construite sur plusieurs années
Les bases de cette Alliance ont été posées en décembre 2019 au Mali, lors d’un forum africain sur les rôles et responsabilités des femmes et des jeunes dans la gouvernance foncière selon les us et coutumes.
Depuis lors, plusieurs étapes majeures ont consolidé la dynamique, élaboration d’un plaidoyer régional sur les droits fonciers coutumiers, actions auprès de la CEDEAO, participation aux caravanes climatiques, à la COP27 en Égypte, ainsi qu’à des rencontres de haut niveau à Dakar, Abuja, Bamako, Cotonou et Bissau.
En novembre 2023, à Bamako, l’Alliance s’est élargie à l’Afrique centrale, prenant sa dénomination actuelle d’Alliance des Chefs traditionnels et coutumiers de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, avec l’adoption d’une déclaration solennelle sur les changements climatiques. « Les communautés doivent être au-devant de la scène »

Prenant la parole, Sa Majesté Dr Tanyi Robinson, venu du Cameroun et président général du Conseil africain de gouvernance traditionnelle, a souligné la portée historique de cette initiative. « Nous sommes dans cette Alliance qui va nous réunir et nous galvaniser dans une Afrique divisée, là où les politiciens ont perdu la route et même la voix. Nos communautés sont appelées à être au-devant de la scène. Qui parle de communauté parle des chefs traditionnels. »
Il a insisté sur la dimension spirituelle et vitale de la terre et de l’eau, piliers de la vie et de l’agriculture, au cœur des préoccupations de l’Alliance.
Le soutien des autorités togolaises
Présidant la cérémonie d’ouverture au nom du ministre de l’Administration territoriale, ESSO Koudjou a salué l’initiative de la CGLTE-OA et le rôle déterminant des chefs traditionnels dans la promotion de la paix, de la cohésion sociale et de la bonne gouvernance foncière.
Il a rappelé l’engagement du gouvernement togolais, sous l’impulsion du Président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé, à valoriser les légitimités traditionnelles comme acteurs clés du développement et de la stabilité sociale.
Cap sur le FSM Cotonou 2026
Au terme de cet atelier, l’Alliance devrait disposer d’une Charte de collaboration adoptée, d’un plan d’action 2026-2027 clair, ainsi que d’un appel à mobilisation des chefs traditionnels en vue du Forum Social Mondial de 2026. Une ambition affirmée celle de faire des têtes couronnées africaines des acteurs majeurs de la transformation sociale, de la justice climatique et de la souveraineté des peuples.







