C’est un scandale financier d’une ampleur sans précédent qui a secoué l’administration camerounaise. Emmanuel Leubou, ancien fonctionnaire de l’État, a été condamné à 104 ans de prison ferme par le Tribunal Criminel Spécial (TCS) pour détournement massif de fonds publics sur une période de plus de dix ans.

L’homme, présenté comme un «génie de la fraude administrative», aurait réussi à mettre en place un réseau de 2 601 matricules fictifs, lui permettant de percevoir 2 130 salaires chaque mois. Le préjudice pour l’État est colossal, environ 1,8 milliard de FCFA détournés chaque mois, soit plus de 216 milliards de FCFA au total.

Face à l’ampleur de ce détournement qualifié de «coup d’État économique» par le procureur spécial adjoint du TCS, la justice n’a pas tremblé. Emmanuel Leubou, reconnu coupable de fraude, faux en écriture publique, et détournement de fonds publics, a écopé d’une peine exemplaire visant à dissuader toute velléité de malversation dans les rangs de la fonction publique.

Ce dossier met en lumière les failles profondes dans le système de gestion des ressources humaines de l’État camerounais. Comment un seul homme a-t-il pu passer inaperçu si longtemps tout en siphonnant chaque mois des milliards ? Une question brûlante à laquelle les autorités devront impérativement répondre.

C’est le 2 mai 2018 que des fonctionnaires soupçonnés d’avoir indûment perçu les salaires fictifs avaient été interpellés par les officiers du corps spécialisé de la police judiciaire de Yaoundé. Emmanuel Lebou figurait parmi les six personnes interpellées.

Le 9 juillet 2024, dans une lettre de demande de clémence adressée à Paul Biya, Emmanuel Lebou expliquait, « Pour la préparation de ma défense et tenant compte du formalisme prévu par l’article 313 du code de procédure pénale en matière de production de documents devant le juge pénal, j’ai pris plusieurs initiatives pour faire certifier par le Ministère des Finances divers documents dont, particulièrement , le «rapport de mission du groupe de travail chargé de l’audit des remboursements des avances de solde et avances sur pensions au cours de l’exercice 2013.» Ces initiatives ont toutes connu un échec.

L’affaire Emmanuel Leubou restera comme l’un des plus grands scandales financiers de l’histoire du Cameroun, soulignant l’urgence d’une réforme en profondeur du système de paie et de contrôle des effectifs de la fonction publique.

[ Pour vos reportages, annonces et publicités, contactez (00 228) 90 08 58 17 / 99 68 21 71 | E-Mail [email protected] ]

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *