« Où sont les singes ? N’ayez pas peur de les amener. On ne va pas vous demander comment vous l’avez eu, alors amenez-les pour les faire vacciner. » Cette déclaration insolite mais percutante du Ministre des Ressources halieutiques, Animales et de la Réglementation de la transhumance, Yark Damehame, a marqué le lancement officiel de la campagne nationale de vaccination gratuite contre la rage, organisée à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre cette maladie.
Placée cette année sous le thème « Agissons maintenant : Toi, Moi, la communauté », la Journée mondiale de lutte contre la rage a été l’occasion pour les autorités togolaises, en partenariat avec des organisations internationales, de redoubler d’efforts pour éradiquer cette zoonose mortelle.
La cérémonie de lancement, qui s’est tenue sur le terrain d’Agoè-Nyivé Centre, a été le théâtre d’une forte mobilisation communautaire. Chacun est invité à venir faire vacciner ses chiens, chats et même singes.
L’événement, initié par le Ministère des Ressources halieutiques, Animales et de la Réglementation de la transhumance, a été organisé en collaboration avec des partenaires à savoir, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (fondée en tant qu’OIE), et Vétérinaires sans frontières.
Dans son allocution, le ministre Yark Damehame a rappelé que la rage constitue un problème majeur de santé publique au Togo. La maladie, transmise principalement par morsure ou griffure d’un animal infecté, est incurable une fois les symptômes déclarés.
Le ministre a révélé que pour le premier semestre de 2025, le pays a enregistré 489 cas de morsures animales, principalement chez des enfants ; 131 cas suspects de rage animale, dont 3 confirmés en laboratoire ; et 12 décès humains causés par la rage.
« Ces chiffres ne sont pas de simples statistiques, ce sont des vies humaines que nous aurions pu protéger », a-t-il déclaré, appelant à une prise de conscience collective.
L’objectif affiché par le gouvernement est d’éliminer la rage transmise par les chiens d’ici 2030, en ligne avec la vision de l’Alliance mondiale pour le contrôle de la rage (GARC). Pour y parvenir, la stratégie nationale repose sur quatre piliers, la vaccination massive des chiens et des chats (objectif : au moins 60 000 animaux vaccinés cette année) ; la sensibilisation de 500 000 citoyens, notamment les enfants ; le renforcement de la surveillance épidémiologique et la notification des cas ; et, la collaboration renforcée entre les services vétérinaires, les professionnels de santé et les communautés locales.
En saluant l’appui des partenaires techniques et financiers, le ministre Yark Damehame a insisté sur la nécessité d’une synergie entre tous les acteurs, rappelant que la lutte contre la rage nécessite une approche « Une seule santé », qui intègre la santé humaine, animale et environnementale.
La date du 28 septembre, choisie en mémoire de Louis Pasteur, père du premier vaccin contre la rage, résonne chaque année comme un appel à l’action.
