Le président togolais Faure Gnassingbé a nommé mercredi 5 mars 2025, vingt (20) sénateurs, complétant ainsi la liste des 61 sénateurs prévus par la loi. Cette nomination marque une étape importante dans l’édification du système parlementaire bicaméral, tel qu’instauré par la Constitution de la Vᵉ République.
Pour Eli Goka-Adokanu, parmi les personnalités nommées, on note la présence de figures de l’opposition «conciliante», ces personnalités qui ont longtemps défendu une politique d’entrisme.
L’objectif de ces derniers est «d’apporter leur pierre à l’édification d’une gouvernance démocratique équilibrée». Ces partis et acteurs politiques, souvent qualifiés d’opposition modérée, choisissent de participer activement aux institutions en place plutôt que de s’y opposer systématiquement.
Ainsi, des figures emblématiques de l’opposition telles que, Séna Alipui de l’Union des Forces du Changement (UFC), Innocent Kagbara du Parti Démocratique Panafricain (PDP), Adrien Beliki Akouété de la Convention Patriotique Panafricaine (CPP), Abass Kaboua du Mouvement des Réformes et de la Citoyenneté (MRC), ainsi que Me Mouhamed Tchassona Traoré du Mouvement des Chrétiens Démocrates (MCD), et Me Joseph Kokou Koffigoh, ancien Premier ministre, se retrouvent désormais au Sénat.
Cette nomination survient dans un contexte de forte division au sein de l’opposition togolaise. Tandis que l’opposition «conciliante» accepte de participer au processus politique en cours, l’opposition «radicale» persiste dans sa contestation de la nouvelle Constitution, estimant qu’elle ne répond pas aux aspirations d’une démocratie véritable. Ces derniers continuent de dénoncer ce qu’ils appellent «un système politique verrouillé», exigeant des réformes profondes pour garantir une véritable alternance politique et un cadre démocratique inclusif.
Cette situation complexe se retrouve amplifiée par l’approche des élections locales. Face à ce nouveau défi, l’opposition «radicale» se trouve à un carrefour difficile : doit-elle participer à ces élections organisées sous l’égide du pouvoir actuel ou poursuivre sa contestation en dehors du processus institutionnel ? Ce dilemme souligne la fracture persistante au sein de l’opposition togolaise.
Les élections locales s’annoncent ainsi comme un moment décisif pour l’avenir politique du pays, et plus particulièrement pour l’opposition, divisée entre une stratégie de participation constructive et une approche de contestation radicale. En tout cas, une chose est certaine : les tensions et les débats sur la direction à prendre pour garantir un véritable renouveau démocratique au Togo ne sont pas près de s’estomper.
Dans ce contexte marqué par l’ambivalence et les luttes internes, il semble que le paysage politique togolais reste aussi complexe et incertain qu’auparavant. Les mois à venir pourraient bien être décisifs pour l’avenir de la démocratie au Togo.