L’Alliance Nationale des Consommateurs et de l’Environnement (ANCE-Togo) a organisé jeudi 8 mai, un atelier de formation à l’endroit d’une quinzaine de journalistes à Lomé. L’initiative, soutenue financièrement par le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), vise à renforcer la contribution des médias dans la lutte contre les flux financiers illicites (FFI) et à soutenir le plaidoyer pour l’adoption d’un avant-projet de loi relatif à la création d’un organe national de recouvrement des avoirs.

La rencontre ouverte par le président de l’ANCE-Togo, Fabrice Ebeh, a servi de cadre de sensibilisation aux enjeux du recouvrement des avoirs et de leur impact sur le développement durable. Selon les organisateurs, les journalistes ont un rôle crucial à jouer dans la sensibilisation du public et l’interpellation des autorités en vue de l’opérationnalisation d’un tel organe.

« Nous avons des lois et des institutions qui œuvrent déjà contre le blanchiment de capitaux, mais il manque un organe dédié à la localisation, la neutralisation et le recouvrement effectif des avoirs volés. Nous avons besoin des journalistes pour porter ce plaidoyer », a expliqué Préclia Djodji, Directrice exécutive de l’ANCE-Togo.

Les travaux ont été structurés autour de deux modules : les impacts des flux financiers illicites sur le développement en Afrique et le cadre juridique des FFI au Togo. Ces flux, définis comme des transferts transfrontaliers d’argent ou d’avoirs issus d’activités illégales, privent l’Afrique de ressources vitales pour son développement.

En effet, le continent a perdu plus de 1000 milliards de dollars au cours des 50 dernières années à cause des FFI, soit l’équivalent de toute l’aide publique au développement reçue durant la même période. Chaque année, ce sont environ 50 milliards de dollars qui s’évaporent, selon les données de l’Union Africaine (2015). Entre 2001 et 2010, la falsification des prix dans les transactions commerciales aurait coûté 407 milliards de dollars à l’Afrique (CEA, 2010).

Les conséquences sont graves : réduction des investissements publics et privés, érosion de l’assiette fiscale, mais aussi chute des dépenses en santé et en éducation dans les pays les plus touchés. Un rapport de la CNUCED publié en 2020 révèle que ces pays dépensent en moyenne 25 % de moins pour la santé et 58 % de moins pour l’éducation que ceux où les FFI sont faibles.

Au Togo, le gouvernement a déjà mis en place des structures comme la CENTIF et adopté des textes juridiques, mais le GIABA insiste sur la nécessité d’une structure spécifique de recouvrement. Sans cela, selon l’organisation régionale, les criminels continueront de prospérer tant qu’ils peuvent conserver leurs biens mal acquis.

Le Togo figure parmi les pays ayant un écart élevé de valeur dans les échanges bilatéraux avec les économies développées, atteignant 30,2 % entre 2008 et 2017, selon un rapport du GFI. À cela s’ajoutent les déséquilibres fiscaux créés par certaines conventions de non-double imposition, notamment entre la France et les pays francophones, qui profitent largement aux multinationales étrangères.

En inscrivant la lutte contre les FFI dans les Objectifs de développement durable (ODD), notamment la cible 16.4, la communauté internationale a reconnu l’urgence d’une action coordonnée. L’atelier de Lomé s’inscrit dans cette dynamique et marque une étape importante vers une meilleure mobilisation des médias togolais dans cette lutte de longue haleine.

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