La capitale togolaise est depuis le 30 juin le théâtre d’une rencontre stratégique majeure pour la santé publique en Afrique de l’Ouest. Du 30 juin au 2 juillet 2025, la toute première réunion annuelle en présentiel du Réseau 4S, Surveillance, Système, Santé et Sécurité rassemble les points focaux nationaux de 11 pays de la région. L’objectif est de dresser un bilan collectif et renforcer la coopération régionale en matière de surveillance épidémiologique.
Présidée par Dr Kokou Wotobe, Secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique du Togo, la cérémonie d’ouverture s’est tenue en présence du Professeur Melchior Athanase Joël, Directeur général de l’Organisation Ouest-Africaine de la Santé (OOAS), et de plusieurs partenaires techniques et financiers. Parmi eux : l’Institut Pasteur de Dakar, Africa CDC, la Fondation Bill & Melinda Gates et le Fonds Mondial.
- Un cadre pour prévenir les épidémies
Depuis 2023, l’Institut Pasteur de Dakar pilote un ambitieux programme de surveillance syndromique dans le cadre du Réseau Intégré de Surveillance et de Laboratoire (RISLNET). Ce dispositif vise la détection précoce d’infections respiratoires, d’arboviroses et de fièvres hémorragiques virales, afin d’anticiper et de prévenir des épidémies aux conséquences potentiellement dévastatrices.
Onze pays d’Afrique de l’Ouest bénéficient aujourd’hui de cette initiative, coordonnée par l’OOAS et Africa CDC, avec un appui technique et financier international. Cette réunion à Lomé permet aux responsables nationaux de la surveillance, des laboratoires de santé publique et des sites sentinelles de passer en revue les activités menées dans leurs pays respectifs.
- Trois jours d’échanges techniques et stratégiques
Durant les trois jours de rencontre, les participants examinent la situation épidémiologique régionale, les performances des systèmes de surveillance, ainsi que l’état d’avancement des sites sentinelles au 20 juin 2025. Parmi les temps forts, la présentation de WALIF, une nouvelle plateforme régionale de collecte des données, suscite un vif intérêt. Les discussions portent aussi sur les modalités de partage de l’information et les défis liés au transport des échantillons biologiques.
Le Professeur Melchior Athanase Joël a rappelé dans son discours d’ouverture l’impact des récentes crises sanitaires, grippe aviaire, Ebola, COVID-19 sur les systèmes de santé de la région. Des retards dans le diagnostic, dus à la faiblesse des systèmes de surveillance, limitent considérablement la capacité des États à répondre efficacement.
Dr Wotobe, de son côté, a salué les avancées en matière de digitalisation des données de surveillance et de laboratoire, tout en appelant à une meilleure coordination entre les acteurs.
- Le Togo engagé aux côtés de ses partenaires
Cette réunion s’inscrit dans le cadre du projet WARIL, lancé en avril 2024 avec le soutien du Fonds Mondial. Le projet vise à renforcer les laboratoires de référence, élargir la surveillance syndromique, et promouvoir le partage régional de données sanitaires. Le Sénégal, pionnier de l’approche 4S depuis 2011, en a servi de modèle.
Depuis novembre 2024, le Togo a rejoint les pays bénéficiaires du projet, avec trois sites sentinelles déjà opérationnels. Une avancée saluée par les participants, qui voient dans la tenue de cette réunion à Lomé un signal fort de l’engagement du pays pour un système de surveillance plus intégré, réactif et durable.
- Vers un plan d’action commun
La rencontre devrait se conclure par l’adoption d’un plan d’action régional, symbolisant la volonté partagée des États membres et de leurs partenaires de faire face ensemble aux menaces épidémiques à venir. Le Réseau 4S, à travers cette première réunion en présentiel, marque ainsi une étape importante dans la construction d’une réponse sanitaire collective et structurée en Afrique de l’Ouest.
