Sous pression depuis son arrivée au pouvoir à l’été 2024, le gouvernement de Keir Starmer a dévoilé vendredi 14 novembre 2025, une série de mesures destinées à réduire le nombre de migrants entrant au Royaume-Uni et à restreindre les droits accordés aux réfugiés. Dans un communiqué publié samedi dernier, le ministère de l’Intérieur a annoncé que la protection offerte aux personnes reconnues comme réfugiées serait désormais limitée. Elles pourront être « renvoyées dans leur pays d’origine dès qu’il sera considéré comme sûr ».
Cette nouvelle forme d’asile « temporaire » constitue l’un des piliers d’une vaste réforme voulue par l’exécutif travailliste, déterminé à répondre aux critiques croissantes alimentées par la progression du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, en tête des sondages depuis plusieurs mois. L’ensemble des dispositions sera détaillé devant le Parlement par la ministre de l’Intérieur, Shabana Mahmood.
« Un billet en or a fait exploser les demandes d’asile au Royaume-Uni, poussant des personnes à traverser l’Europe via des pays sûrs pour embarquer ensuite sur des bateaux de fortune », a déclaré la ministre. « Je vais mettre fin à ce ticket en or. »
Un séjour réduit et un accès restreint au statut permanent
Jusqu’ici, les réfugiés pouvaient s’installer définitivement au Royaume-Uni après cinq ans sans frais supplémentaires. Le gouvernement jugeait ces conditions trop favorables, estimant qu’elles attiraient des migrants « n’ayant pas contribué » au pays. Inspiré du modèle danois, le nouveau système réduira la durée initiale de séjour de cinq ans à 30 mois et allongera à 20 ans quatre fois plus qu’aujourd’hui, le délai permettant de solliciter le statut de résident permanent.
Ceux qui souhaitent obtenir ce statut plus rapidement devront démontrer qu’ils travaillent ou qu’ils suivent une formation. Par ailleurs, l’accès automatique aux aides sociales sera supprimé pour les demandeurs d’asile disposant du droit de travailler mais choisissant de ne pas le faire, ainsi que pour toute personne enfreignant la loi britannique.
Se revendiquant du courant « Blue Labour », l’aile conservatrice du parti travailliste, Shabana Mahmood a assuré que ces changements constituent « les réformes les plus radicales du système d’asile depuis une génération ». Elle promet de « rétablir l’ordre et le contrôle à nos frontières », affirmant que « l’immigration clandestine déchire notre pays ».
Un contexte politique et social sous tension
Le gouvernement Starmer affronte un climat particulièrement tendu. Des manifestations ont éclaté devant plusieurs hôtels hébergeant des demandeurs d’asile, et une mobilisation organisée par l’extrême droite à Londres à la mi-septembre a réuni jusqu’à 150 000 personnes selon la police.
En parallèle, les arrivées de migrants par la Manche continuent d’augmenter. Depuis le 1er janvier, 39 292 personnes ont atteint les côtes anglaises, dépassant déjà le total de 2024 (36 816). Les demandes d’asile ont grimpé de 18 % au Royaume-Uni en 2024, alors qu’elles reculaient de 13 % dans l’Union européenne sur la même période. Depuis 2021, plus de 400 000 demandes ont été enregistrées, contre 150 000 entre 2011 et 2015.
Pour le gouvernement, l’objectif est clair est de rendre le Royaume-Uni moins attractif et tenter ainsi de réduire les arrivées irrégulières. Reste à savoir si ces mesures auront l’effet dissuasif annoncé.







