Dans un discours d’une rare densité prononcé à l’ouverture du 9ᵉ Congrès panafricain, Faure Essozimna Gnassingbé, Président du Conseil de la République togolaise, a appelé l’Afrique et sa diaspora à « un tournant historique ». Loin d’une simple commémoration, son intervention a pris la forme d’un manifeste politique, structuré autour de cinq observations majeures destinées à guider la renaissance africaine.
Le panafricanisme, un impératif stratégique
Faure Gnassingbé affirme que le renouveau panafricain n’est plus un choix idéologique mais une nécessité vitale dans un monde en recomposition. Face à l’injustice climatique, aux crises sanitaires, aux ruptures technologiques et à la compétition économique mondiale, aucune nation africaine ne peut avancer seule.
Il appelle ainsi à un panafricanisme « pragmatique, exigeant », fondé sur l’union des peuples, des marchés, des savoirs et des cultures.
Réformer le multilatéralisme pour peser dans le monde
Le Président du Conseil dénonce une gouvernance mondiale construite sans l’Afrique et devenue obsolète.
Il rappelle que le continent, qui représente 28 % des États membres de l’ONU, ne dispose toujours pas de siège permanent au Conseil de sécurité. Une situation qu’il qualifie d’« aberration ».
Il réaffirme le soutien au Consensus d’Ezulwini réclamant deux sièges permanents avec droit de veto et appelle à une double action : réformer les institutions internationales, mais aussi peser davantage à l’intérieur de celles-ci.
Miser sur les ressources africaines pour assurer la souveraineté
Le développement africain doit venir de l’Afrique elle-même.
Selon Faure Gnassingbé, la souveraineté moderne repose sur la capacité à financer ses priorités, transformer ses matières premières, investir dans la jeunesse et valoriser les savoirs endogènes, des langues aux connaissances médicinales.
Mobiliser le capital africain, insiste-t-il, c’est convertir le potentiel continental en puissance réelle.
Une Afrique indivisible, portée par sa diaspora et sa jeunesse
Le Président met en avant trois forces motrices du renouveau africain. La diaspora, les Afro-descendants et la jeunesse.
La diaspora est décrite comme un prolongement naturel de l’Afrique, porteuse d’influence et de créativité, tandis que la jeunesse, « notre atout stratégique », incarne l’innovation, le numérique et les luttes sociales.
Faure Gnassingbé appelle à renforcer l’unité historique, politique et culturelle de cette « grande famille africaine ».
Reprendre en main le narratif et l’identité africains
Pour le dirigeant togolais, aucune puissance ne peut exister si elle ne maîtrise pas son propre récit.
Il dénonce des siècles de récits déformés et de stéréotypes construits hors d’Afrique.
Reconquérir le narratif revient à valoriser les victoires, corriger les récits coloniaux, promouvoir les arts, les langues et les cultures, tout en occupant pleinement les espaces numériques, médiatiques et académiques.
Pour finir, Faure Gnassingbé a invité les délégations venues du continent et de la diaspora à faire de Lomé « le lieu où l’Afrique s’unit pour agir ».
« Nous n’avons pas besoin d’être sauvés, nous avons besoin d’être écoutés », a-t-il lancé, avant de déclarer officiellement ouverts les travaux du 9ᵉ Congrès panafricain.
Une Afrique unie, dit-il, «compte, inspire et bâtit».







