TradeMark Africa (TMA), avec l’appui technique des cabinets Afrik’Act (Togo) et Tradesmart Consulting (Kenya), a organisé le vendredi 8 août à Lomé un atelier de validation du rapport de consultation des parties prenantes sur l’amélioration du commerce transfrontalier au Togo.
L’événement a réuni des acteurs clés du secteur, notamment des représentants du gouvernement, du secteur privé, d’organisations de la société civile et des partenaires au développement.
Les travaux, dirigés par Kwami Ossadzifo Wonyra, professeur d’économie à l’Université de Kara et chef des consultants d’Afrik’Act, Akouvi Soké Klolly, coordinatrice des programmes TMA, et Brice Niango Adou, gestionnaire de programmes genre et commerce inclusif, ont porté sur un enjeu central : lever les obstacles qui freinent la pleine participation des femmes, des jeunes et des personnes handicapées au commerce transfrontalier.
- Un secteur vital mais confronté à de nombreux défis
Selon le rapport présenté, le commerce transfrontalier constitue un pilier de l’économie togolaise, faisant vivre des milliers de commerçants. Les femmes représentent près de 70 % des acteurs du commerce transfrontalier informel. Pourtant, elles restent confrontées à de multiples difficultés : complexité des réglementations, accès limité au financement, harcèlement aux frontières, infrastructures inadaptées, et faible connexion aux marchés.
Bien que des mécanismes de facilitation existent dans les cadres régionaux tels que la ZLECAf et le Programme de libéralisation des échanges de la CEDEAO (ETLS), leur mise en œuvre concrète sur le terrain reste limitée. Les commerçants font face à des exigences documentaires excessives, des frais élevés, et une instabilité réglementaire qui augmentent les coûts et découragent la formalisation.
- Des défis financiers persistants
Le rapport souligne également que l’exclusion financière demeure un obstacle majeur. Les banques exigent des garanties difficiles à fournir, tandis que les institutions de microfinance appliquent souvent des taux d’intérêt prohibitifs. En conséquence, de nombreuses commerçantes se tournent vers des crédits informels, peu fiables et coûteux.
- Recommandations clés
Le document propose un ensemble de mesures destinées à améliorer l’environnement du commerce transfrontalier et à favoriser l’inclusion. Parmi ces recommandations figurent, le renforcement des politiques sensibles au genre ; la simplification et la numérisation des procédures douanières ; la mise en place de mécanismes efficaces de lutte contre la corruption aux postes frontières ; l’amélioration de l’accès au financement, avec la création de produits de crédit adaptés aux commerçants informels, notamment les femmes, assortis de conditions souples et de garanties allégées ; le développement du commerce numérique, notamment à travers l’interopérabilité des paiements mobiles au sein de la CEDEAO ; la mise en place d’infrastructures adaptées aux besoins spécifiques des femmes et des personnes handicapées (zones d’attente sécurisées, installations sanitaires, services de garde d’enfants, etc.).
- Une action concertée pour un commerce inclusif
Les participants à l’atelier ont souligné la nécessité d’une approche coordonnée entre les autorités publiques, le secteur privé, les partenaires techniques et financiers, ainsi que les organisations professionnelles. L’objectif est de créer un environnement commercial où chaque acteur, indépendamment de son genre ou de sa condition physique, puisse prospérer et contribuer à l’intégration régionale.
« Le potentiel économique du commerce transfrontalier ne pourra être pleinement exploité que si les politiques deviennent réellement opérationnelles et inclusives », a déclaré le Professeur Wonyra.
- Prochaines étapes : renforcer les capacités
Après cette validation, le projet entrera dans une phase cruciale : le renforcement des capacités des acteurs du commerce transfrontalier.
Selon Brice Niango Adou, cette étape vise à combler les écarts qu’ils soient d’ordre informationnel, technique ou organisationnel afin de doter les commerçants, notamment les plus vulnérables, des outils nécessaires pour mieux naviguer dans l’environnement commercial.
L’objectif est de réduire autant que possible les barrières et permettre aux acteurs économiques de fonctionner avec un maximum d’efficacité.
« Comme l’a rappelé l’équipe du projet, les interférences et obstacles aux frontières en Afrique constituent un frein majeur au développement ; il est donc indispensable de renforcer les compétences pour mieux les surmonter », a conclu M. Adou.