Lomé a accueilli, les 15 et 16 décembre 2025, un atelier consacré à l’adoption de la Charte de collaboration de l’Alliance des Chefs traditionnels et coutumiers de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (ACTC-AOC). Organisée par la Convergence Globale des Luttes pour la Terre et l’Eau – Ouest Africaine (CGLTE-OA), cette rencontre réunit des rois, reines et chefs coutumiers venus de toute l’Afrique de l’Ouest et du Centre autour d’un objectif central : renforcer leur action collective pour une gouvernance foncière juste et une justice climatique ancrée dans les valeurs africaines.

Au cœur des travaux figure l’adoption d’une Charte de collaboration, document fondateur destiné à structurer l’Alliance, à préciser ses missions, sa vision et ses modes d’action. Cette charte marque une étape dans la consolidation d’un cadre commun d’engagement des autorités traditionnelles face aux défis liés à l’accès à la terre, à l’eau et aux semences paysannes, avec une attention particulière portée aux droits des femmes et des jeunes.

Depuis sa création en 2019, l’Alliance, soutenue par la CGLTE-OA, s’est progressivement affirmée comme un espace de dialogue et de plaidoyer. Elle s’inscrit dans une dynamique engagée depuis 2015 par la Convergence, qui œuvre pour une gouvernance responsable et inclusive des ressources naturelles. 

Dans un contexte où plus de 70 % des populations africaines dépendent directement du foncier pour leur subsistance, les conflits liés à la terre, aggravés par l’accaparement des terres et les inégalités sociales, constituent un enjeu majeur de paix et de cohésion sociale.

Pour Massa Koné, porte-parole de la CGLTE-OA, « l’adoption de cette charte permettra aux chefs traditionnels de parler d’une seule voix et de jouer pleinement leur rôle historique d’interfaces entre les communautés et les États ». Il souligne également l’importance stratégique de cette rencontre dans la perspective du Forum social mondial (FSM) 2026 à Cotonou, où l’Alliance entend porter la voix des communautés africaines et valoriser les cultures et savoirs ancestraux.

Présent à Lomé, Sa Majesté Dr Tanyi Robinson, venu du Cameroun, voit dans cette charte « un instrument de rassemblement et de mobilisation dans une Afrique fragmentée ». Selon lui, la terre, l’eau et les semences paysannes ne sont pas seulement des ressources, mais « les fondements mêmes de la vie, de l’identité et de la souveraineté des peuples africains ».

Au nom du gouvernement togolais, ESSO Koudjou, représentant le ministre de l’Administration territoriale, a salué l’initiative et rappelé le rôle central des chefs traditionnels dans la médiation sociale et la prévention des conflits. Il a insisté sur le fait que la gouvernance foncière est indissociable de la culture, de la paix et de la cohésion sociale, appelant les participants à faire de cette charte un outil opérationnel au service des communautés.

À l’issue de l’atelier, l’Alliance devrait se doter non seulement de sa Charte de collaboration, mais aussi d’un plan d’action 2026–2027 et d’un appel solennel à la mobilisation des chefs traditionnels pour le FSM 2026. Autant de résultats attendus qui confirment la volonté des autorités coutumières de s’affirmer comme des acteurs incontournables de la transformation sociale, de la justice foncière et de la lutte contre les changements climatiques en Afrique.

[ Pour vos reportages, annonces et publicités, contactez (00 228) 90 08 58 17 / 99 68 21 71 | E-Mail [email protected] ]

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *