Après quatorze années de travaux, de tensions régionales et d’efforts titanesques, l’Éthiopie inaugure son chef-d’œuvre d’ingénierie, le Grand Barrage de la Renaissance (GERD). Avec ses 5 150 MW de puissance, il devient le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique, une prouesse technique et stratégique pour le pays de la Corne.

Entamée en 2011, la construction du barrage a coûté près de 5 milliards de dollars, entièrement financés par l’Éthiopie, sans soutien des institutions financières occidentales ni prêts de la Banque mondiale. Une démarche audacieuse qui marque une volonté claire : atteindre l’indépendance énergétique sans dépendre d’acteurs extérieurs.

« Sans permission. Sans créanciers. Sans genoux à terre. » Ce mantra, entendu à Addis-Abeba depuis des années, prend aujourd’hui tout son sens.

Avec ses 1,8 km de long et un réservoir d’une capacité de 74 milliards de m³, le GERD contrôle désormais plus de 85 % du débit du Nil Bleu, principal affluent du Nil. Un changement d’échelle pour la région et une source d’inquiétude majeure pour l’Égypte, qui dépend à 90 % du Nil pour son approvisionnement en eau.

Mais pour l’Éthiopie, il s’agit avant tout d’un levier de développement. Le barrage permettra de générer environ 1 milliard de dollars de revenus annuels, tout en doublant la capacité énergétique du pays. De quoi électrifier des millions de foyers, attirer des investissements industriels, et renforcer le poids géopolitique d’Addis-Abeba sur la scène africaine.

Alors que l’Occident finance des projets solaires modestes à visée humanitaire, l’Éthiopie a choisi une autre voie, celle de la souveraineté énergétique par la force hydraulique. Un pari risqué, mais gagnant.

[ Pour vos reportages, annonces et publicités, contactez (00 228) 90 08 58 17 / 99 68 21 71 | E-Mail [email protected] ]

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *