Depuis janvier 2024, le Togo a franchi un cap décisif en matière de santé publique avec l’entrée en vigueur de l’Assurance Maladie Universelle (AMU). Grâce à un panier de soins étoffé, une prise en charge largement assurée par l’État, et un système fondé sur la solidarité nationale, le pays amorce une transformation profonde de son système de santé, au bénéfice de millions de Togolais.
Un accès élargi à la couverture maladie
Jusqu’à fin 2023, seule une minorité de la population – environ 8 %, principalement composée de fonctionnaires et de quelques corps constitués – bénéficiait d’une couverture maladie. Depuis le 1er janvier 2024, la dynamique a changé. L’AMU s’est ouverte à l’ensemble des travailleurs, y compris les salariés du secteur privé, les indépendants, les acteurs de l’économie informelle et du monde agricole.
Cette extension est rendue possible par l’application de la loi de 2021 qui rend l’assurance obligatoire. Elle oblige désormais les entreprises à déclarer leurs employés et à contribuer aux cotisations sociales. Le dispositif est conjointement géré par l’Institut national d’assurance maladie (INAM) et la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).
Un panier de soins adapté aux besoins du pays
Le panier de soins proposé dans le cadre de l’AMU est conçu pour répondre aux besoins essentiels de la population. Il comprend, les consultations de médecine générale et spécialisée; les hospitalisations; les actes médicaux et paramédicaux; les examens biologiques et d’imagerie; les produits de santé essentiels; le transport sanitaire; les appareillages et prothèses; les soins liés à la maternité, du suivi de grossesse au post-partum.
Une attention particulière est portée aux femmes enceintes et aux enfants, populations traditionnellement vulnérables.
Cependant, certaines prestations restent exclues : soins de confort, chirurgie esthétique, médicaments non essentiels, soins à l’étranger (sauf exceptions), ou actes pratiqués dans des structures non conventionnées.
Tiers payant et solidarité : des soins accessibles à tous
L’AMU repose sur un principe de tiers payant. L’État prend en charge 80 % des frais médicaux via la CNSS. Le patient ne paie que les 20 % restants lors de la consultation ou de l’achat de médicaments. Des exonérations totales sont prévues pour les personnes indigentes, garantissant un accès sans discrimination géographique, sociale ou économique.
Une grille tarifaire nationale s’applique dans les structures de santé publiques conventionnées, assurant ainsi la transparence des coûts.
Un bilan positif après six mois
Dès juillet 2024, soit six mois après le lancement officiel, les premiers résultats sont encourageants. On dénombrait déjà près de 800 000 bénéficiaires, et à ce jour, plus de 2,4 millions de personnes sont concernées par la couverture de l’AMU.
Lors d’une campagne foraine organisée à Kara en 2024, plus de 5 600 personnes ont bénéficié gratuitement de soins incluant des consultations, des dépistages et la distribution de médicaments.
Les effets concrets ne se sont pas fait attendre : baisse des dépenses de santé pour les ménages, hausse de la fréquentation des centres de santé, et meilleure réactivité face aux premiers signes de maladie.
Une réforme soutenue et saluée
Le gouvernement togolais a mobilisé des ressources budgétaires importantes pour assurer la viabilité du système, avec le soutien technique et financier de partenaires internationaux. L’AMU est désormais perçue comme un outil puissant au service de la justice sociale et de la prévention sanitaire.
En rendant les soins accessibles à tous, sans distinction de statut ni de revenu, le Togo pose les bases d’un système de santé inclusif, durable et solidaire. Un véritable changement de paradigme dans un pays où la santé publique est, plus que jamais, une priorité nationale.