C’est un signal fort que vient d’envoyer l’Assemblée nationale du Togo dans la lutte contre l’un des fléaux les plus meurtriers et insidieux du continent africain, les médicaments de qualité inférieure et falsifiés. Un séminaire parlementaire de deux jours s’est ouvert ce mardi 24 juin 2025 réunissant députés, experts de la santé et partenaires techniques autour d’une priorité nationale, protéger la population contre ces «poisons déguisés en remèdes».
Organisé en partenariat avec la Fondation Brazzaville et le ministère togolais de la Santé, ce séminaire vise à sensibiliser les députés à la gravité du phénomène des faux médicaments, à examiner les initiatives existantes, et à renforcer le cadre juridique national.
Une urgence de santé publique
« Ce trafic menace directement notre système de santé et compromet la couverture sanitaire universelle », a alerté le professeur Tchin Darre, ministre de la Santé et de l’hygiène publique. Il a appelé à une action concertée pour adopter les lois en attente, criminaliser le trafic et renforcer les contrôles. Selon les données partagées, un médicament sur dix dans les pays à faibles revenus est falsifié ou de qualité inférieure. Et en Afrique subsaharienne, où jusqu’à 90 % des médicaments sont importés, les failles dans les contrôles douaniers facilitent leur prolifération.
L’appel fort du président de l’Assemblée
Dans un discours, le président de l’Assemblée nationale, Sevon-Tépé Kodjo Adédzé, a lancé un appel à l’éveil des consciences.
« Nous devons bâtir un avenir où aucun enfant ne mourra à cause d’un médicament falsifié. Ce séminaire n’est pas une simple rencontre, c’est un cri d’alerte, un engagement politique. » Il a exhorté les députés à devenir les véritables « remparts contre cette injustice », en participant activement à la refonte du cadre légal.
L’Initiative de Lomé en renfort
L’Initiative de Lomé, lancée en 2020, s’est imposée comme une réponse africaine ambitieuse à ce fléau. Elle plaide pour l’harmonisation des législations, des sanctions pénales sévères et l’adhésion aux conventions internationales telles que MEDICRIME et la Convention de Palerme. Les experts présents ont insisté sur la nécessité d’implémenter ces outils pour une riposte durable.
Renforcer la production locale et la recherche
Au-delà des réformes législatives, l’autonomie pharmaceutique a été au cœur des discussions.
Foulo Basse, directeur général de la Fondation Brazzaville, a plaidé pour la production locale de médicaments et le renforcement de la formation scientifique. Il a également annoncé la création d’une chaîne universitaire à la Sorbonne, destinée à former les futurs leaders africains de la recherche médicale.
Vers un avenir plus sûr
Les parlementaires, mobilisés et engagés, ont exprimé leur volonté de devenir des acteurs de premier plan dans cette lutte. Plusieurs propositions fortes ont émergé, création d’un centre de recherche dédié aux médicaments traditionnels, développement de la pharmacovigilance, et soutien accru à la production pharmaceutique nationale.
Ce séminaire marque un tournant décisif. L’Assemblée nationale ne veut plus être spectatrice, mais actrice d’un changement de paradigme : celui d’un Togo où la santé publique ne sera plus compromise par la cupidité des trafiquants de médicaments falsifiés.