Lomé, la capitale togolaise est le théâtre d’un atelier de formation technique les 12 et 13 novembre 2024. Organisé par le Bureau Togolais du Droit d’Auteurs (BUTODRA), en collaboration avec l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI). Cet événement s’inscrit dans le cadre du projet « Développement de la filière musicale et des nouveaux modèles économiques de la musique dans les pays de l’UEMOA », un projet visant à renforcer la gestion des droits d’auteur et à soutenir le développement de l’industrie musicale en Afrique de l’Ouest.

L’atelier réunit des acteurs clés du secteur de la musique et des auxiliaires de justice, dont des magistrats et des avocats spécialisés, afin de les outiller sur des sujets tels que, la gestion des droits dans l’environnement numérique et les mécanismes de concession de licences pour l’exploitation de la musique en ligne. Ce troisième atelier national a pour objectif de renforcer les compétences des professionnels du secteur et de fournir des solutions face aux défis juridiques et économiques du secteur musical dans l’ère numérique.

  • Un secteur en pleine croissance en Afrique

L’industrie musicale africaine, en particulier en Afrique subsaharienne, connaît une expansion rapide, comme le souligne Sherine Greiss, Coordinatrice Principale du développement en matière de droit d’auteur à l’OMPI. Selon le Rapport mondial sur la musique 2024 de la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), la région a enregistré la plus forte croissance mondiale en 2023, avec une augmentation de 24,7% des revenus musicaux, propulsée par le streaming payant.

La situation du Togo, bien que modeste en termes de taille géographique, illustre cette dynamique. Le pays est devenu un épicentre de la musique urbaine en Afrique de l’Ouest, avec de nombreux artistes togolais qui connaissent un grand succès sur la scène internationale, tels que, King Mensah, Afia Mala, Jimi Hope, ou encore le groupe Toofan.

La jeune génération d’artistes togolais, portée par des influences musicales variées et une forte présence sur les plateformes numériques comme YouTube et Spotify, a vu sa visibilité croître à l’échelle mondiale, offrant ainsi de nouvelles opportunités de développement pour le secteur.

  • Des défis législatifs et la lutte contre le piratage

Malgré cette croissance impressionnante, le secteur reste confronté à des défis importants, notamment, en matière de monétisation des œuvres et de lutte contre le piratage.

Sherine Greiss a souligné l’importance d’un cadre juridique à jour pour soutenir les créateurs et entrepreneurs, en particulier face aux nouveaux défis posés par l’environnement numérique. Le vide juridique dans certains pays favorise les violations des droits d’auteur, laissant place à des exploitations illégales des œuvres musicales.

Le Togo, en adhérant à des conventions internationales telles que la Convention de Berne et les traités de l’OMPI, témoigne de son engagement à protéger les créateurs et à offrir un cadre juridique solide. L’avant-projet de loi sur le droit d’auteur en cours d’élaboration est un pas important vers la mise à jour de la législation togolaise pour se conformer aux standards internationaux.

  • La gestion collective des Droits d’Auteur et des Droits Voisins : une priorité

Un autre sujet central de l’atelier était la gestion collective des droits d’auteur et des droits voisins. Dans un environnement numérique en constante évolution, il est crucial que les organismes de gestion collective s’adaptent aux nouveaux enjeux technologiques. L’OMPI a salué les progrès réalisés par le BUTODRA, notamment l’implémentation réussie de WIPO Connect, une plateforme qui facilite la gestion des droits et le paiement des redevances aux créateurs.

Komla Édjidomélé, Directeur Général du BUTODRA, a évoqué l’importance de renforcer la gestion des droits dans un secteur de plus en plus marqué par les défis numériques. Il a précisé que la gestion des droits dans l’environnement numérique doit devenir un axe prioritaire pour garantir un marché sain et équilibré, et permettre aux artistes de vivre de leur créativité. « La gestion collective des droits doit s’adapter au numérique avec des approches innovantes, afin d’encourager et de protéger la créativité nationale », a-t-il souligné.

  • Une vision pour l’avenir

À travers ces ateliers, les autorités togolaises et les partenaires internationaux cherchent à doter les acteurs du secteur musical d’outils pratiques et juridiques pour faire face aux défis du numérique. Le Togo, avec sa riche culture musicale et son dynamisme créatif, est bien positionné pour devenir un leader de la musique urbaine en Afrique et pour jouer un rôle clé dans l’économie musicale numérique à l’échelle mondiale.

Le projet, en permettant aux créateurs de mieux gérer leurs œuvres et de se défendre contre le piratage, représente un levier essentiel pour le développement durable du secteur créatif. Comme l’a indiqué Sherine Greiss, « le secteur des industries créatives est un réservoir potentiel d’emplois et un vecteur de croissance économique. » La musique togolaise, déjà en pleine expansion, continue d’inspirer et de faire rayonner la culture du pays à travers le monde.

Cet atelier a donc jeté les bases d’une réflexion collective qui permettra d’assurer la pérennité et la prospérité de l’industrie musicale dans l’environnement numérique, en assurant une meilleure protection des droits des créateurs et une meilleure répartition des revenus générés par leurs œuvres.

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