Les ministres des affaires étrangères ou leurs représentants, ainsi que tous les pays des pays du Caraïbes, d’Amériques et du Pacifique bref, les pays des afro descendants et la société civile, ont participé samedi 31 août 2024 au Brésil à la conférence ministérielle du 6ème et dernier pré congrès à Salvador de Bahia autour du thème, « Mémoires, restitutions, réparations et reconstruction », en marge du 9ème congrès panafricain de Lomé, prévu du 29 octobre au 2 novembre prochain, sous l’égide du Président de la République Faure Essozimna Gnassingbé qui a au cœur le panafricanisme.
Cette conférence de la diaspora africaine dans les Amériques segment gouvernemental et préparatoire du 9ème congrès panafricain de Lomé 2024, a connu la participation de Luiz Inacio Lula da Silva, Président de la République Fédérative du Brésil.
En lien avec le thème de cette conférence, le Professeur Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères, de l’Intégration Africaine et des Togolais de l’Étranger, a laissé entendre, « Le Haut comité en charge de la Décennie des Racines africaines et des diasporas 2021-2031 institué par la 34ème session de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, a sans doute voulu replacer au centre du débat ces questions essentielles qui tiennent tant aux cœurs des africains et des afro descendants. ».
Plusieurs interventions ont marqué cette conférence dont celle du Prof Robert Dussey, qui a indiqué que cette conférence marque une étape historique dans les relations entre les Peuples d’Afrique et leurs Sœurs et Frères qui se sont retrouvés par le fruit de l’histoire, à l’autre bord des rives de l’Océan Atlantique.
Il n’a pas manqué de rendre un vibrant hommage aux autorités brésiliennes pour leur courage politique et, l’inlassable lutte pour une société brésilienne réconciliée avec elle-même.
« Pour nous, vous êtes la preuve que le panafricanisme n’est pas une question de continent ou de couleur de peau. Mais la vive conviction fondée sur des valeurs humanistes partagées, qu’aucun peuple ou groupe de communautés ne doit être laissé pour compte ou rangé dans une seconde catégorie »
« Les africains et les afro descendants portent sur leurs dos des siècles de domination et d’exploitation. Des siècles de spoliation qui ont engendré les retards de développement de nos États et relégué les peuples africains et les communautés afro descendantes dans la précarité et l’exclusion sociale et économique. L’Afrique a particulièrement payé un lourd tribut et subi une injustice historique. En effet, l’esclavage et la colonisation ont vidé ce continent de ses forces vives ainsi que de ses richesses minières et minérales. Les peuples d’Afrique ont été brutalisés dans leurs consciences; leurs cultures et croyances ont été bafouées; et leurs biens et richesses culturelles démolis, spoliés ou emportés. Les fils et filles d’Afrique, les diasporas africaines et les afro descendants compétissent aujourd’hui dans le concert des nations avec ce lourd handicap historique que feignent d’ignorer ou de minimiser ceux qui, d’une certaine manière, ont contribué à cette vulnérabilisation. », a-t-il ajouté.
Le ministre togolais a exhorté les participants à plutôt focaliser leurs réflexions sur les voies et moyens de parvenir à une véritable réparation et à formuler des recommandations concrètes qui viendront enrichir les délibérations du 9ème congrès panafricain de Lomé sous le thème, « Renouveau du panafricanisme et rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales : mobiliser les ressources et se réinventer pour agir ».
Il a aussi indiqué que, dans un monde en mutations profondes et inéluctables, rien ne peut continuer de justifier le silence, l’indifférence et l’inaction qui sont tentés d’être imposés aux peuples encore affectés par les conséquences de ces actes innommables. Il appelle à dépasser le cadre de réflexions.
« L’heure est à la réflexion méthodique en vue de définir les voies et actions concrètes à suivre pour une juste réparation et une véritable réconciliation avec l’histoire. Il faut reconnaitre que sans la réparation de l’injustice historique qu’a subi l’Afrique et les communautés afro descendantes, le cycle du racisme, de l’intolérance, de la discrimination et par ricochet, de la paupérisation se poursuivra. La réparation est une exigence de la raison. L’histoire nous offre des exemples de réparations obtenus par des peuples ou groupes d’individus. Qu’il s’agisse des juifs qui ont subi l’holocauste ou même, comble de cynisme, des anciens propriétaires d’esclaves, des formes de réparations ont été imaginées et mises en œuvre. Il ne s’agit pas ici de reproduire ce qui a été fait. Mais de décliner, sans tabous ni limites, des formes réalistes et concrètes de réparations, de restitutions, de mémoires et de reconstruction. », a martelé le Prof Robert Dussey.
D’ajouter, la route que nous avons ensemble entamé depuis le lancement officiel le 22 mai 2023 du 9ème Congrès panafricain nous a amené, au-delà de la question des mémoires, des réparations, des restitutions et de la reconstruction, à aborder des thématiques variées pendant les cinq précédentes conférences, celle de Bahia constituant le dernier palier des six pré-congrès du 9ème Congrès.
A l’issue du Congrès panafricain de Lomé, des recommandations et propositions concrètes seront formulées pour réparer les injustices historiques dont ont été victimes les africains et Afro descendants, ceci pour les restaurer dans leur dignité, déconstruire les stéréotypes qui sous-tendent le racisme et le fascisme et avancer davantage vers la construction d’un monde meilleur, avec l’humanité et l’égalité en partage.
Dans cette dynamique, le Prof Robert Dussey invite plus que jamais à fédérer les forces, mutualiser les efforts, harmoniser les démarches et approches et de définir des voies concertées de collaboration.
Néanmoins il rappelle qu’il ne s’agit pas d’une lutte d’une partie du monde contre une autre. Mais plutôt une lutte pour un monde indivisible, un monde de justice, d’équité et de paix.
Il faudra de la détermination et du courage politique pour passer des excuses et regrets exprimés çà et là au sujet de la colonisation et de l’esclavage pour entamer un véritable processus de réparations, de restitutions et de reconstruction.
Les participants au Segment Gouvernemental de la Conférence de la Diaspora Africaine dans les Amériques et Célébration de la « Journée Internationale des Personnes d’Ascendance Africaine, ont suivi une présentation de Mme Jahëna Louisin sur le Musée d’Aného des Mémoires africaines (et des Afrodescendants), « MAMA », à créer au Togo.