Dans le nouveau contexte institutionnel togolais, le choix du président de la République revêt une signification profonde. Il ne s’agit pas d’un choix de posture politique, mais d’un acte de responsabilité historique. À l’heure où le Togo s’engage résolument vers une 5e République, marquée par un nouveau paradigme, l’élection d’un homme de 86 ans, Jean-Lucien Savi de Tové, s’impose à la fois comme un symbole et une nécessité.

Contrairement au poste de président du Conseil, qui peut être exercé dès l’âge de 40 ans, la Constitution togolaise a fixé à 50 ans l’âge minimum pour accéder à la fonction présidentielle. Ce seuil, initialement envisagé à 60 ans lors de la première rédaction du projet constitutionnel, traduit la volonté des constituants de faire du président de la République un homme de pondération, d’expérience et de grande connaissance des réalités nationales.

Car le président de la République, dans la nouvelle architecture institutionnelle, n’est pas un acteur partisan du quotidien politique. Il est avant tout le symbole de l’unité nationale. À ce titre, il lui revient de rassembler, d’orienter et d’accompagner, dans la sagesse et la retenue, les divers acteurs institutionnels et politiques du pays. Il doit connaître les réalités sociopolitiques, les contradictions internes, les subtilités de la gouvernance, les dynamiques sociales et l’histoire complexe de notre nation. Il doit avoir été un acteur ou un observateur averti de la vie politique et disposer d’une fine connaissance des institutions de la République.

Dans cette logique, l’âge avancé n’est pas un handicap. Il est, au contraire, une présomption de sagesse et d’expérience. Bien sûr, tous les aînés ne sont pas sages, mais on peut raisonnablement considérer qu’un homme de 86 ans, au parcours politique et institutionnel reconnu, au caractère mesuré et pondéré, représente un choix rassurant et réfléchi pour accompagner notre nation dans cette phase cruciale.

Jean-Lucien Savi de Tové : un homme d’unité, un homme d’histoire

S’il est une figure qui incarne cette vision d’un président au-dessus de la mêlée, c’est bien Jean-Lucien Savi de Tové. Membre éminent de l’opposition, acteur incontournable de la vie politique togolaise depuis plus de quarante ans, il a été de tous les combats, de toutes les négociations, de tous les dialogues. Il a côtoyé, allié, combattu et débattu avec les plus grandes figures de la politique nationale, à commencer par feu Edem Kodjo.

Jean-Lucien Savi de Tové, c’est aussi une connaissance fine des institutions. Il a été membre du gouvernement, il a participé aux médiations nationales et internationales, il a vu et vécu les évolutions de notre système politique. Homme modéré, il est reconnu pour sa capacité à fédérer, à écouter, à incarner la neutralité que requiert sa nouvelle fonction.

Mais sa légitimité ne se limite pas à son seul parcours personnel. Elle puise aussi dans son héritage familial. Fils de feu Jonathan Kokou Savi de Tové, ancien président de l’Assemblée nationale de 1958 à 1963 et militant fondateur du CUT, il incarne une passerelle entre les mémoires politiques du pays. Son père, exilé en Allemagne après le coup d’État de 1963, avait refusé de constituer un gouvernement en exil, au nom de la stabilité nationale. Ce refus d’alimenter les clivages et de choisir la division résonne encore aujourd’hui.

L’élection de Jean-Lucien Savi de Tové, par une majorité issue d’UNIR, parti considéré par certains comme héritier du RPT, adversaire historique du CUT,  symbolise ainsi le dépassement des antagonismes anciens. Ce choix est un geste politique fort : il scelle la réconciliation des mémoires et ouvre la voie à une unité nationale sincère et inclusive.

Vers une alternance assumée et apaisée

Ce choix inédit incarne également l’alternance au sommet de l’État, longtemps revendiquée par une partie de la classe politique. En portant à la magistrature suprême un opposant historique, le Togo pose un acte fort qui, s’il est reconnu de bonne foi, devrait redéfinir le discours politique dominant et contribuer à l’apaisement national.

Jean-Lucien Savi de Tové n’est pas seulement un homme de l’opposition ou le fils d’une figure historique. Il est aujourd’hui le président de tous les Togolais, garant de l’unité, de la continuité institutionnelle et du renouveau démocratique. Son âge, loin d’être une faiblesse, devient une force : celle de l’expérience, de la mémoire, et d’une sagesse précieuse dans une époque de transition.

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