À l’occasion des traditionnels rites initiatiques « Évala », la préfecture de la Kozah vibre au rythme de la première édition du festival de la langue Kabyè, baptisé « Diya Kabyè nè Kissè », littéralement « Le futur s’écrit en Kabyè ».
Portée par l’Académie de la langue nationale Kabyè, cette initiative vise à revitaliser une langue en perte de vitesse, tout en suscitant un nouvel élan de fierté linguistique et culturelle auprès de la jeunesse, des communautés locales et des artistes de la diaspora.
« Nos langues ne sont plus vraiment parlées. Mais on remarque une prise de conscience. Ce festival est une manière de renforcer cette conscience et d’encourager les jeunes à s’approprier leur langue », explique Madame KASSANG Balaibaou, présidente de l’Académie.
Le choix de tenir ce festival en marge des Évalas n’est pas anodin. Profitant de l’ambiance festive, les organisateurs proposent un concours quotidien, chaque soir de 18h à 22h, après les cérémonies dans les arènes, permettant au public de se rassembler pour célébrer la langue Kabyè dans une ambiance conviviale et éducative.
Le festival propose un programme diversifié mêlant prestations humoristiques, contes traditionnels, explications de proverbes, expressions populaires et déclamations poétiques, exclusivement en langue Kabyè. L’objectif est clair : susciter l’émulation, renforcer l’usage de la langue et offrir une scène d’expression à la jeunesse.
Les prestations sont évaluées par un jury d’experts linguistiques, soucieux d’encourager la maîtrise de la langue tout en corrigeant les erreurs courantes, comme l’intrusion de mots étrangers.
« Les jeunes font preuve de beaucoup d’efforts. Ils ne cherchent pas à être parfaits, mais à progresser, à s’améliorer, et surtout à retrouver le lien avec leur langue d’origine », souligne l’organisation.
Présent lors du lancement, le représentant du gouverneur de la région de la Kara, M. GNINGBANGOU Gountibot, a salué une initiative qui contribue non seulement à la promotion de la langue Kabyè, mais aussi à la valorisation de l’ensemble du patrimoine culturel de la région.
Avec plus d’un million de locuteurs, le Kabyè est aujourd’hui l’une des langues nationales les plus parlées au Togo, principalement dans la région de la Kara. Toutefois, elle n’échappe pas aux défis de la mondialisation et de la domination des langues étrangères. Le festival « Diya Kabyè nè Kissè » entend inverser cette tendance, en montrant que la langue peut être un vecteur d’identité, de créativité et d’avenir.
La première édition du festival se tient chaque soir jusqu’au 24 juillet à la Direction régionale de l’Action sociale de Kara, et est ouverte au grand public.