Du 12 au 19 janvier 2025, les villes de Glidji et Aného, au Togo, ont vibré au rythme du Festival des Divinités Noires, qui a célébré sa 10ᵉ édition. Cet événement majeur a réuni des milliers de participants venus d’Afrique et d’ailleurs pour honorer les traditions spirituelles, culturelles et artistiques africaines. Une édition marquante qui s’est inscrite dans une trajectoire de succès, de transmission et de célébration des identités africaines.
- Une ouverture solennelle sous le signe de l’unité spirituelle.
La cérémonie d’ouverture s’est déroulée dans la ville sacrée de Glidji, le 12 janvier, avec une messe du Fa inaugurale. Ce rituel essentiel a révélé le signe « kponli Losso Guda », symbole d’harmonie et de prospérité.
Cette cérémonie, dirigée par des grands prêtres initiatiques, est le pilier spirituel du festival. Comme l’a souligné Vincent Harisdo, directeur artistique, « La messe du Fa donne le ton au festival, car sans elle, le festival ne pourrait pas avoir lieu. »
Des figures institutionnelles de haut rang ont honoré l’événement par leur présence, notamment Pacôme Adjourouvi, ministre des Droits de l’Homme, et Maître Alexis Aquéreburu, maire de Lac1. Ce dernier a salué l’engagement de Maître Wilson Têtê Bahun, président du festival, pour la promotion des traditions africaines depuis 2006. Il a déclaré :
« La culture est cette richesse unique que chaque peuple apporte au monde. Elle permet aussi de célébrer les autres tout en affirmant ses racines. »
- Les moments clés d’une semaine intense
Jour 2 : Samba et Héritage Afro-Diasporique
La deuxième journée a plongé les participants dans l’histoire d’Aného à travers des visites guidées et des ateliers de danses traditionnelles. L’initiation à la samba brésilienne, danse emblématique de la diaspora africaine au Brésil, a été un moment fort, illustrant les liens culturels entre l’Afrique et ses descendants dispersés dans le monde.
Jour 4 : La place ACOFIN transformée en «Stade Évala»
Le 15 janvier, la place ACOFIN s’est métamorphosée en une arène de luttes traditionnelles. Ces démonstrations spectaculaires ont mis en avant la force, la résilience et l’unité des communautés africaines, en célébrant des pratiques physiques et spirituelles profondément enracinées.
Jour 6 : Traversée mystique de la lagune par le Zangbéto
Le 16 janvier, l’un des moments les plus marquants a été la traversée de la lagune d’Aného par le Zangbéto, le gardien nocturne. Ce rituel mystique symbolise l’interconnexion entre les éléments naturels – l’eau et la terre – et les forces spirituelles. Il a captivé le public par sa profondeur symbolique et son intensité visuelle, rappelant que chaque élément de la nature porte une dimension sacrée.
- Hommage à Nei Futuro Bitencourt
Un hommage émouvant a été rendu à Nei Futuro Bitencourt, ancien ambassadeur du Brésil au Togo, pour son rôle dans le rapprochement des cultures africaines et brésiliennes. Cet hommage, conduit par l’artiste Açir Pimenta Madeira, a souligné l’importance de préserver les ponts culturels entre l’Afrique et ses diasporas.
- Une clôture éblouissante
Le festival s’est achevé en apothéose le 19 janvier avec une journée mêlant rites spirituels, défilés et concerts. La messe du Fa de clôture, moment sacré pour bénir le festival, a rassemblé prêtres, prêtresses, participants et dignitaires dans un acte collectif de gratitude envers les divinités.
Le défilé des sociétés initiatiques, avec ses costumes majestueux et ses danses rituelles, a illustré l’harmonie entre tradition et modernité. Les chants, tambours et masques ont transcendé le public, rappelant l’importance de ces pratiques dans la transmission culturelle.
Le clou de la soirée a été le concert final réunissant les icônes King Mensah et Afiamala, qui ont offert une performance mémorable, unissant le public dans une communion musicale et festive. Maître Wilson Têtê Bahun a exprimé sa satisfaction :
« Je suis vraiment satisfait. Le public est sorti massivement, les grands prêtres et prêtresses étaient également présents. Il n’y a eu aucun incident, les divinités sont contentes et tout le monde est satisfait. »
- Une résonance internationale et numérique
Les vidéos partagées sur TikTok et YouTube, ainsi que les reportages de RFI, Afrik.com et d’autres médias internationaux, ont permis de toucher un public mondial. Les images des rituels, des performances et des moments de célébration ont capté l’attention et renforcé la portée du festival bien au-delà des frontières togolaises.
Les recommandations issues de la messe du Fa, relayées dans une vidéo de Gakogoe, ont notamment souligné l’importance de préserver ces traditions pour les générations futures.
- Perspectives pour 2026 : L’Égypte à l’honneur
La prochaine édition du festival, prévue pour 2026, sera placée sous le thème, «Égypte : Berceau des Civilisations et des Spiritualités Africaines». Ce thème ambitieux explorera les connexions historiques entre l’Égypte antique et les pratiques spirituelles africaines modernes, notamment dans le Vodou, le Fâ et d’autres systèmes.
L’héritage de figures emblématiques comme Maat, déesse de la justice et de l’équilibre, Osiris, symbole de résurrection, et Isis, mère protectrice.
Des rituels inspirés de la symbolique du Nil, mettant en lumière l’interconnexion entre la nature et la spiritualité.
Cette édition promet d’approfondir le dialogue entre les cultures africaines et leur héritage commun, tout en renforçant le rayonnement du festival à l’international.
- Un festival comme héritage vivant
En dix éditions, le Festival des Divinités Noires s’est imposé comme une plateforme unique de dialogue, de transmission et de célébration des traditions africaines. Il incarne la résilience et la richesse culturelle d’un continent en mouvement, tout en offrant une voix puissante aux traditions souvent méconnues.
- Mot de clôture
« Ce festival est bien plus qu’un événement culturel. Il est un pont entre les générations, les continents et les spiritualités. Ensemble, continuons à honorer nos racines tout en bâtissant un avenir où notre héritage rayonne pleinement. Rendez-vous en 2026 pour une célébration encore plus mémorable, avec l’Égypte comme invité d’honneur. »
Richard MAGLO