Une nouvelle dynamique est en marche dans la lutte contre les flux financiers illicites (FFI) au Togo. Quelques semaines après des sessions de formation à l’endroit des journalistes et des organisations de la société civile (OSC), une rencontre s’est tenue ce vendredi 23 mai 2025 à Lomé, à l’initiative de l’Alliance Nationale des Consommateurs et de l’Environnement (ANCE-Togo), en collaboration avec le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA).
Cette réunion, qui a rassemblé journalistes et représentants d’OSC, a pour objectif de jeter les bases d’une plateforme nationale dédiée à la lutte contre les FFI. Les discussions ont porté sur le format et le statut juridique de cette future plateforme. À l’issue des échanges, un comité de coordination a été mis en place pour en assurer la mise en œuvre.
- Un instrument pour appuyer l’action publique
Selon les participants, la plateforme aura pour mission d’accompagner les efforts du gouvernement, de sensibiliser les citoyens aux impacts des FFI et de plaider pour la création d’une structure spécialisée dans le recouvrement et la gestion des avoirs criminels.
Fabrice Ebeh, président de l’ANCE-Togo, a rappelé l’ampleur du phénomène, « Les flux financiers illicites constituent un manque à gagner considérable pour l’Afrique, avec plus de 90 milliards de dollars de pertes chaque année. »

Il a également souligné l’urgence de doter chaque pays d’une institution dédiée à la gestion des avoirs issus d’activités criminelles.
- Une initiative inspirée de bonnes pratiques régionales
Le Togo dispose déjà de mécanismes partiels pour le recouvrement d’avoirs, notamment au sein de ses tribunaux ou de l’Office Togolais des Recettes (OTR), notamment dans les cas d’évasion fiscale. Toutefois, ces structures n’ont pas pour mandat spécifique la gestion des biens saisis dans le cadre d’affaires criminelles.
« Il est temps d’avoir une entité dédiée, capable de centraliser et de gérer ces avoirs afin d’éviter leur détérioration ou leur mauvaise gestion », a plaidé Fabrice Ebeh. Il a cité en exemple la Côte d’Ivoire, qui dispose d’une structure chargée de la gestion des biens saisis, avec un système de répartition entre les administrations impliquées.
- Une lutte alignée sur les objectifs de développement durable (ODD)
La lutte contre les FFI s’inscrit dans le cadre de l’Objectif de Développement Durable (ODD) 16, qui vise à promouvoir des institutions efficaces, responsables et transparentes. La cible 16.4 appelle notamment à réduire significativement les flux financiers illicites et à renforcer le recouvrement des avoirs volés.
À travers cette initiative, le Togo afficherait encore plus sa volonté de s’attaquer à un phénomène qui freine le développement, érode la confiance dans les institutions et favorise la corruption. La création de cette plateforme représente ainsi un pas important vers une gouvernance plus intègre et plus équitable.