La capitale togolaise s’impose de plus en plus comme une place forte de la diplomatie africaine. Samedi 17 mai 2025, elle a accueilli une réunion déterminante dans le processus de désescalade des tensions entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, sous l’égide de l’Union africaine (UA). Une initiative placée sous la houlette du Président du Conseil du Togo Faure Gnassingbé, récemment désigné médiateur principal dans ce dossier sensible.

Dans un climat régional marqué par l’instabilité chronique dans la région des Grands Lacs, notamment dans l’Est de la RDC où sévissent les affrontements armés impliquant la milice du M23, Lomé devient le théâtre d’une médiation à fort enjeu. Kinshasa accuse Kigali de soutenir ce groupe rebelle, contribuant à aggraver une crise humanitaire et sécuritaire de grande ampleur. L’impasse diplomatique et l’intensification des tensions militaires ont convaincu l’UA de redynamiser ses efforts de paix, en s’appuyant sur des personnalités africaines reconnues.

Organisée à huis clos, la réunion de Lomé vise à poser les bases d’un dialogue direct entre la RDC et le Rwanda. Elle s’inscrit dans la continuité des réunions ministérielles menées récemment à Doha, qui avaient permis de maintenir un canal de communication entre les parties malgré les tensions.

L’objectif immédiat de ce sommet est de renforcer la mise en œuvre de la feuille de route pour la désescalade, élaborée par l’Union africaine. Celle-ci prévoit le retrait progressif des groupes armés, la réactivation des mécanismes conjoints de surveillance des frontières, et un engagement diplomatique soutenu entre les États concernés.

Aux côtés de Faure Gnassingbé, plusieurs cofacilitateurs de haut niveau sont présents à savoir, Uhuru Kenyatta, ancien président du Kenya, rompu aux subtilités des conflits régionaux, Catherine Samba-Panza, ex-présidente de la transition en Centrafrique, figure de la réconciliation, Sahle-Work Zewde, ancienne cheffe de l’État éthiopien et diplomate de longue date.

Leur présence confirme l’importance accordée à cette initiative et l’ambition de donner un nouveau souffle à la diplomatie africaine.

Lomé, un rôle diplomatique affirmé

Depuis quelques années, Lomé se forge discrètement une réputation de place diplomatique neutre et stable. Cette orientation stratégique est portée par l’engagement personnel du président togolais, déjà impliqué dans plusieurs processus de médiation sur le continent. Le choix de la capitale togolaise pour accueillir cette réunion traduit une confiance croissante dans son rôle de facilitateur.

L’événement de ce week-end pourrait ainsi consacrer Lomé comme un épicentre incontournable de la paix en Afrique, à l’instar d’Addis-Abeba ou Pretoria. Si les résultats de cette réunion répondent aux attentes, ils marqueront un tournant dans la gestion des conflits africains par des solutions africaines portées symboliquement depuis le cœur du Togo.

Vers un leadership africain renouvelé

Au-delà de la RDC et du Rwanda, c’est une vision plus large de la diplomatie continentale qui se dessine. En ancrant cette médiation dans une démarche africaine, l’Union africaine affirme sa capacité à mobiliser ses propres ressources, ses leaders expérimentés, et ses institutions pour répondre aux défis sécuritaires du continent.

Lomé, aujourd’hui, n’est plus seulement une capitale ouest-africaine paisible. Elle devient le théâtre d’une ambition diplomatique nouvelle, enracinée dans la stabilité, la neutralité et la responsabilité africaine.

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